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P167 - LA LETTRE D'AMOUR YOUKAGUIRE... Estampe originale 74 x 54 cm - 2012
UNE EDITION EN SERIE LIMITEE DE 100 ESTAMPES ORIGINALES
sur papier Arches 300 grammes, vous est proposée en 74 x 54 cm,
chacune numérotée et signée.
Prix unitaire : 75 euros = Envoi postal France et étranger sous rouleau inclus
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Tout savoir sur cette toile
- 2014
- 180 - Préliminaires amoureux chez les Mimbres
- 2013
- 175 - Chasse amérindienne ordinaire...
- 174 - Cinq vies des Mimbres de Mogollon
- 169 - L'ORIGINE DU TIGRE SUR TERRE...
- 2012
- 168 - L'ORIGINE DU CHEVAL SUR TERRE...
- 167 - LA LETTRE D’AMOUR YOUKAGUIRE
- 166 - BRACTEATE D’UNE CAVALIERE...
- 164 - Diptyque bracteates des dieux ....
- 163 - Victor Brauner, entends-tu ma musique ?
- 162 - Bractéates de 12 cavaliers en furie...
- 2011
- 161 - Enlévement d'une joyeuse sabine
- 160 - Clin d'oeil philhelmien à Victor Brauner
- 158 - Cheval scythe à l’arrière-train retourné
- 157 - Noyade des envieux par péché d’orgueil
- 154 - Dieu scandinave à cheval et un oiseau...
- 153 - La déesse de l’amour Freyja à cheval
- 152 - Entre la mort d’un fils et le désespoir...
- 2010
- 140 - Déplacement royal d'Hor-Aha...
- 138 - Japonisme d'Aristote...
- 134 - Catdog
- 2009
- 118 - La bête de l'Apocalypse...
- 116 - Entrelacs chien et chienne...
- 2008
- 098 - Rapace avec poisson
- 097 - Le taureau à l'épi...
- 096 - Cheval couché
- 2007
- 133 - Hommage à Victor Brauner
- 084 - Femme aurige celte dans pleine lune
- 2006
- 069 - Lapin syrien
- 068 - Paon syrien XIème
- 067 - Ziz bird ...
- 066 - Antilope fatimide
- 065 - Zébu d'Asie centrale
- 064 - Oiseau Manisès XVIème
- 063 - Fabuleux orchestre anthropomorphe...
- 062 - L'APOCALYPSE
- 2005
- 060 - Fantaisie grotesque animalière
- 059 - Le convoi fantastique 2
- 058 - Le convoi fantastique 1
- 057 - Réinterprétation des images ...
- 056 - Naissance du protestantisme ...
- 050 - L'alphabet de la mort
- 2004
- 049 - Bacchus
- 048 - L'horloge des 12 dieux du vent...
- 2003
- 036 - les douze signes du zodiaque ...
- 035 - Etude couleurs pour LEO...
- 2002
- 034 - Les ménestrels
- 033 - Trois enfants aux oiseaux
- 2001
- 032 - De toutes les choses qu'on peut savoir
- 1999
- 030 - Fille au tambourin
- 029 - Du monogramme de Philhelm...
- 1998
- 028 - Le triomphe d'Anvers
- 027 - Etude pour le triomphe d'Anvers
- 026 - Sept enfants dansent une ronde...
- 025 - Danse 2
- 024 - Danse 1
- 1997
- 023 - Jeune cavalier...
- 021 - Cachette du monogramme de Philhelm
- 1996
- 022 - Glorification de l'abondance
- 019 - Le fils de Hans Leininger avec un chien
- 015 - Ab ovo...
- 013 - Croix humaine sur la flèche ...
- 012 - Apparition d'une créature ailée...
- 010 - Chiens andalous du 16ème
- 009 - Enfants avec une girafe
- 008 - Jeune fille en équilibre sur un crocodile
- 007 - Trois enfants et un félin dans une grotte
- 006 - L'attente du père
- 1995
- 004 - Les trompettes de Jéricho ...
- 1994
- 002 - Argentora
Tout savoir sur cette toile
PINACOTHÈQUE / Cette estampe a ceci de particulier qu’elle se lit dans les deux sens comme un singulier palindrome que l’on peut lire de gauche à droite et de droite à gauche: ce tableau est en réalité une lettre et la lettre est un tableau. Tout ahuri que je fusse le jour où je découvris l’inimaginable lettre d’amour qui puisse exister, ma stupéfaction se transforma rapidement en un morphinique émerveillement ! J’avoue que mon étonnement rivalisait avec le doute d’une quelconque falsification tant le caractère insolite de cette « lettre» creusait de larges sillons dans mon cerveau. Et ce ne sont pas les rares interprétations et analyses de quelques anthropologues ou sémiologues renommés qui me rassurèrent. Vint le jour où je surmontais mon inconcevable indécision, lorsqu’une énième référence apparu dans un ouvrage préfacé par Jean Bottéro et rédigé par le non moins renommé philologue classique qu’était Ernst Doblhofer (1919-2002, spécialiste du décryptage des textes anciens et des langues) et édité en 1959 et réédité plusieurs fois par les éditions Arthaud. L’auteur signalait l’existence d’autres lettres de ce type que le temps ni la place ne lui avait permis de révéler. Hélas, il n’est plus de notre monde et entre-temps l’éditeur a été racheté par un grand groupe de presse. A ce jour mes demandes sont restées lettres mortes sinon oubliées, ce qui n’est pas un euphémisme. Une ultime précision avant de décrire et d’interpréter la fameuse lettre. A ce jour, ce serait un général allemand et par ailleurs écrivain qui aurait en 1896, pour la première fois fait état de cette lettre et peut-être de quelques autres ? Il s’agit de Gustav Krahmer (1839-1905) qui après avoir pris congé de l’armée, a passé de nombreuses années en Russie, étudiant entre autres les différents peuples de ce vaste empire. Par chance, plusieurs de ses ouvrages sont disponibles à la Bibliothèque Universitaire de Strasbourg, par malchance aucun n’évoque la dite lettre, mais est-ce vraiment une malchance ? Je vous laisse juge, sachant que mes recherches ne sont pas pour autant closes ! Peut-être est-ce toi lecteur qui comblera mes desiderata ? Sachons qu’il est impensable que l’original de cette lettre existerait encore pour les raisons que nous découvrirons quelques lignes plus loin. Au mieux avons-nous un dessin qui pourrait bien être de Gustav Krahmer, mais rien n’est moins sûr?
Décryptons enfin cette incroyable lettre d’amour ? Comme vous vous en doutez, cet exercice n’est possible qu’avec les diverses conclusions des personnes précédemment citées, je n’en serai que le pâle intermédiaire ! Ces « lettres d’amour », puisque c’est ainsi qu’il faut les appeler, ne sont point écrites ni dessinées, mais entaillées au couteau sur des morceaux d’écorce par les jeunes filles youkagires (youkaguirs et/ou youkaguires) au Nord-est de la Sibérie. N’oublions pas que nous sommes dans le cercle polaire arctique (arctic circle). Eu égard aux lieux, à la période sans oublier la symbolique quand ce n’est pas au profond désintérêt orchestré volontairement par les politiques pour ces minorités ethniques, nous pouvons facilement imaginer que « ces lettres » ont fini par pourrir dans quelques sinistres poubelles ! Quand à la langue dialectale elle-même, avant 1920, elle était très répandue, maintenant elle n’est utilisée que dans deux îlots isolés soit uniquement 353 locuteurs sur plus de 2000 membres : l’un entre les rivières Yassatchnaïa et Korkoda, et l’autre dans la toundra entre les rivières Indighirka et Alazeïa. On peut donc admettre aujourd’hui que la langue ainsi que « l’écriture » youkaguire a été depuis complètement absorbée par son entourage, et ce, aussi bien par le russe qu’un dialecte paléosibérien de l’Est beaucoup plus répandu comme le Tchouktche. Ce qui nous autorise à donner à ce document a priori amphigourique, un haut intérêt ethnologique, tout en étant d’une beauté à nul autre pareil. Pour en revenir aux auteurs de ces « lettres », retenons que c’étaient exclusivement des jeunes filles à qui les mœurs en vigueur interdisaient d’avouer leur amour de vive voix, ce droit étant réservé aux seuls jeunes gens mâles. Aussi, quelques rares fêtes de danse, organisées par les villages aux alentours, donnaient aux jeunes filles l’occasion de réaliser ces petits chefs-d’œuvre et de les remettre à l’homme de leur cœur. Celle-ci a néanmoins un caractère beaucoup plus émouvant, puisque sa lecture se traduit de la manière suivante : « Tu t’en vas. Tu aimes une femme russe qui me barre la route vers toi. Des enfants naîtront et te donneront de la joie. Mais moi, je suis triste à jamais dans la maison où nous avons vécu notre amour et je ne pense et ne penserai qu’à toi, même si un autre homme dit m’aimer actuellement ! » La démarche de cette femme a cela d’irréel, qu’elle s’est à nouveau identifiée dans la jeune fille vierge d’autrefois pour renouveler le message d’amour initial transmis le premier jour où elle s’est déclarée, mais cette fois avec le plus profond désespoir d’amour! On peut imaginer qu’elle y a mis un temps sans fin pour la finaliser comme si cette « lettre » devait être tellement porteuse d’amour qu’elle ne pouvait que lui rendre son amant !
Il est vrai, comme je l’ai précisé que l’original n’avait que deux teintes : celle de l’écorce et de l’entaille. Grâce à la mise en peintures polychromes par votre artiste contemporain, les six personnages de ce drame amoureux représentés sous la forme de longues lignes droites en forme d’éventail sont aisément reconnaissables : en rose des enfants, en rouge les femmes (leurs cheveux en forme de longues nattes sont en pointillé orange), en bleu les hommes. Tous portent le costume local youkaguir tissé en biais et bicolores, alors que dans la réalité chaque clan avait ses tissages avec des couleurs spécifiques qui permettait de savoir à quel famille ils appartenaient. Les maisons sont en jaune, l’amour, ici à sens unique, est représenté au haut du tableau sous forme de volutes rouges; des points blancs sont également présents ici et là sur la toile, précisons tout de suite qu’il y en avait au départ plusieurs centaines et que je les ai limités à 75 unités, je n’ai aucune certitude à leurs sujets, sinon qu’ils devraient exprimer le caractère plus ou moins important propre à chaque pictogramme ? Mais entrons dans le détail : la grande et longue maison jaune de droite est celle de notre amoureuse éconduite et éplorée, qui se languit toute seule dans sa maison désormais bien vide, à laquelle elle est très attachée, cet attachement ainsi que son énorme chagrin sont représentés par les grands faisceaux de lignes croisées jaunes et rouges vifs ! Son attachement à son ancien amant est aussi représenté par une fine courbe qui le rejoint, mais surtout par l’expression de son immense amour représenté par les grandes volutes aériennes dirigées vers son galant sans arriver à le toucher pour autant ! Entrons dans la deuxième maison, plus petite, peut-être en construction, ou pas encore achevée ? En dessous, une femme russe plus en chair, portant une jupe ample, est très liée avec notre homme, et ce, vous l’avez deviné grâce aux faisceaux croisés et très serrés qui les lient. Nous remarquons qu’au-dessus d’elle part un fin trait rouge qui devient brusquement très épais et barre ainsi tout ce qui vient de l’ex-compagne, tous les liens et les sentiments changent de couleur face à ce barrage qui se trouve exactement au milieu de la « lettre » ! En effet l’homme ressent toujours des liens forts avec son ancienne maison (faisceaux croisés bleus puis jaunes entre lui et la maison de droite) ainsi qu’un lien bleu toujours existant vers son ancienne maîtresse, mais bloqué par sa nouvelle compagne, ce lien change de couleur. Il est possible que l’auteure de cette « lettre » soit allée voir un chamane clairvoyant qui lui a confirmé que sa rivale allait avoir deux enfants, et il semblerait que l’un soit déjà en gestation, se trouvant déjà à moitié sous la maison de ses parents ! Une autre interprétation concernant la maison de gauche, serait que puisque le cadre n’est pas prolongé jusqu’en bas, ses occupants en seraient absents ! Bien entendu, il reste le dernier personnage de droite, l’homme amoureux de notre si émouvante jeune fille, amour qui ne lui est pas rendu ! Mais n’est-ce pas le roman de la vie qui recommence sans cesse depuis que les femmes et les hommes existent ? En ce qui concerne le fond du tableau et le choix de deux noirs différents présentés dans des losanges avec des hachurés, il s’agit d’un choix personnel. Par là, j’ai voulu représenter un tissage de matières pour avoir un support d’écriture. Quand aux noirs, c’étaient les seuls couleurs à même de mettre en relief tous les pictogrammes présents. Les techniques primitives d’écriture pictographique, qui ressemblent à celles qui amenèrent l’homme aux premières écritures proprement dites, ont subsisté jusqu’à notre époque. Cette « lettre » est pour moi un des témoignages les plus émouvants porté à ma connaissance. Qu’en pensez-vous, quand bien même votre subjectivité civilisationnelle vous empêcherait de pénétrer l’intime de cette amoureuse youkaguir ?
Seriez-vous encore si peu quand je suis déjà plusieurs ? (sic)
ADDENDUM : Pour ceux qui veulent en savoir encore plus, bien qu’à mon avis cela soit suffisant pour beaucoup d’entre vous, sachez qu’une communication accompagnant l’œuvre a été présentée à l’Université du Québec à Chicoutimi comme exigence partielle de la maîtrise en Arts Plastiques par Diane LANDRY, et ce intitulé : Les Miracles de l’écriture – page 14 intitulé « Les corps noirs ou la tissure du texte dans la texture de l’image. » en Novembre 1986. En voici l’extrait complet que je vous délivre à livre ouvert : « Cette lettre d'amour, bien qu'écrite au début du XXe siècle, relève des techniques primitives d'écriture pictographique, par des images stylisées d'un objet ou d'une personne utilisées pour suggérer un autre objet ou un concept difficile à représenter par l'image. L'histoire, le texte relève du "roman Harlequin"*, mais autobiographique. Bien qu'on me donne le sens de ce texte, je l'oublie ou plutôt je le mets en réserve. Je le regarde comme un dessin conceptuel qui pourrait être une grille de lecture possible pour mon activité. J'interprète et, en quelque sorte, je m'approprie cette lettre :
L’auteure de la « lettre : L'artiste / l'émettrice
Maison de l’auteure : Seule face à sa production
Traits croisés de l’auteure : Son geste, son travail symbolisé par les traits croisés
L’ex-amant : Le / la destinataire
Maison du nouveau couple : Lieu d'exposition où se retrouve le / la destinataire
La rivale : L'œuvre qui attire l'attention, le regard
Liens entre la rivale et l’ex-amant : Liens étroits unissant le / la destinataire et l'œuvre
Futurs enfants : Décryptage du sens par le / la destinataire; donne naissance à l'activité de lecture et à d'autres sens, probablement; peut-être divergents d'ailleurs.
Gros trait rouge du milieu qui coupe les liens de l’amant : L'artiste ressent la distance qui s'est établie entre elle et son œuvre
Grande volute rouge : Mais elle persévère dans sa passion, bien qu'elle soit exigeante
Autre homme amoureux : Malgré le fait qu'elle pourrait choisir une autre activité.
Et pourquoi pas? Je laisse les autres versions possibles à d'autres lecteurs.
Ces trois acétates** supportent diverses écritures qui nous parvinrent après des millénaires, des écritures qui ajoutèrent de la permanence à la langue parlée, qui dessinèrent notre passé et créèrent notre alphabet par étapes successives.
Ce sont des gestes que ma production assimile, mais sans que j'en sois l'auteure de fait. Pourtant, ils sont ma parole puisque je les récupère et les intègre à mes dires pour servir mes fins.
Les deux autres panneaux sont plus personnels; la spirale part de ce qui, quand même, est hors de moi, pour pénétrer au cœur même de mon identité et de mes gestes. C'est l'image photographique de ma signature et une pictographie de l'œuvre à voir. » FIN de la COMMUNICATION.
*Harlequin Enterprises Ltd = Maison d’édition spécialisée dans les romans d’amour avec 12 millions de livres par an pour 3 millions de lecteurs.
** Acétate : (Sel ou ester de l’acide acétique.) Ici, au sens vernaculaire québéquois = Tableau à feuilles.
Le folklore sibérien
L'origine des cultures contemporaines des peuples de Sibérie est ancrée dans la nuit des temps. Mais, ces folklores autochtones se sont également enrichi des traditions des autres peuples immigrants. Pour Alexandre Soktoev, sibérien, directeur de l'Institut de philologie de Novossibirsk, "le folklore - oral et vivant, quotidien - enseigne l'art de vivre millénaire des ancêtres; il communique le souci d'une coexistence harmonieuse avec la nature, les règles de survie dans les conditions difficiles de ces régions; il détient des secrets dont personne au monde, hormis ces autochtones n'est dépositaire. Outre les sujets écologiques ("Ne prends à la nature que ce dont tu as besoin"), l'éthique y occupe une place considérable...". Et il poursuit : "De nos jours encore, le folklore joue un rôle capital dans la vie des peuples sibériens et pour diverses raisons, au plus profond d'eux-mêmes, les autochtones sentent que leur folklore est le fondement de leur conscience nationale, la couche la plus ancienne de leur culture : plus cette couche sera préservée, plus ils seront à même de se tenir debout sur la terre. Un autre fait intervient : la majorité des autochtones - particulièrement les plus faibles numériquement - vivent dans des endroits reculés, encore difficiles d'accès (...) ; ainsi, ces peuples restent très empreints de leurs traditions ethnoculturelles". (Autrement, Hors série n°78, 1994)
Et demain ?
Pour tous ces "petits peuples" du Grand Nord russe, l'avènement du communisme, soucieux de créer un "homme nouveau" a eu pour règle la sédentarisation et le passage d'une gestion locale et "responsable", traditionnellement intégrée aux grandes lois de la nature (chamanisme), à une gestion basée sur des rendements et des plans quinquennaux : colonisation des territoires (pêche, élevage, mines, pétrole...), flux migratoires sans lendemain, assistance. Conséquences : "privés de la propriété de leurs pâturages, de leurs troupeaux de rennes, des ressources de la chasse et de la pêche, du sentiment de leur propre dignité, de la responsabilité de leur propre vie", les sibériens ont "perdu leur âme", leur raison d'être, sombrant dans la désespérance : oisiveté, mortalité infantile, alcoolisme, suicide.
Mais depuis l'ouverture de la Russie au reste du monde, fasciné en particulier par les actions des Inuits américains, les minorités sibériennes tentent d'imposer leur point de vue ; elles s'organisent pour gérer leurs territoires. En 1990, les 26 "petits peuples du Nord" ont tenu leur premier Congrès à Moscou et leurs représentants participent désormais à toutes les rencontres internationales circumpolaires.
Bibliographie : Asie fantôme : A travers la Sibérie sauvage 1898-1905 de Ferdynand Antoni Ossendowski : C'est un récit peu ordinaire, fourmillant d'anecdotes, dramatiques, insolites ou cocasses, sur ces contrées lointaines de la Sibérie aux confins de la partie extrême orientale, en bordure du Pacifique, dans la région de l'Oussouri et dans la grande île de Sakhaline, au nord du Japon.
Sibérie, un voyage au pays des femmes d’Anne Brunswic : Plus contemporain, mais représentatif de cette région-continent marquée par une histoire aventureuse souvent tragique…
UNE EDITION EN SERIE LIMITEE DE 100 ESTAMPES ORIGINALES SUR ARCHES 300 grammes vous est proposée en 74 x 54 cm, chacune numérotée et signée. Prix unitaire: 75 Euros - Envoi Postal France et étranger sous rouleau compris. Adresse : PHILHELM - 92 rue Mélanie - 67000 STRASBOURG - FRANCE.
ADDENDA :
Jean-Paul Gavard-Perret, critique d'art, a bien voulu commenter ce tableau :
LETTRE D’AMOUR SUR FOND NOIR ET QUI NE S’ECRIT PAS
Le pictogramme recomposé par Philhelm permet de replonger au fond même de l’expérience du primitivisme à la fois l’émotion et le sentiment amoureux, sa beauté, sa force et sa douleur.
Généralement on veut réduire le corps à parler l’amour et la peinture à l’ « ornementer ». On oublie ses tuyaux, ses entrailles, ses dépressions abyssales. De la Sibérie, Philhelm recrée une retranscription où - sans qu’il soit directement à l’image - le corps saisi de la violence de l’affect est en jeu. Sa mentalisation ne passe plus par un code purement abstrait. La femme qui s’exprime invente le tracé où tout est « dit ». Le jeu des lignes prouve un retour sur une expérience hélas perdue. D’une part la direction des formes en volutes vers la gauche symbolise l’espace d’une nostalgie brûlante. Celles qui montent de la terre vers le ciel donnent à l’amour une forme d’élévation. Elle prend racine dans le bas de l’image. Mais cette fondation n’a rien de confuse, tout est net et précis. Preuve que celle qui écrit n’écrivant pas n’est pas dans la confusion ou la folie d’amour.
La finesse de traits globalise ses émotions, les « redressent ». La « parole » dans le dessin – invaginé et parfois phallique - s’épanouit en volutes. L’inégalité des douleurs comme de la beauté sont signifiées par deux couleurs (rose et bleu) et la différence de la portance de ces volutes. De fait ce qui est à l’image devient le verbe poussé au paroxysme. Il échappe au logos. L’image est langue entre la langue. C’est la fin des littératures. Ou leur commencement. C’est une histoire de caverne. Platon a fait l’impasse dessus. L’ « artiste » sibérienne non. Elle n’écrit pas sur l’amour mais dedans. Elle écrit de (le « de » de l’origine) l’amour. Il y a là toute une déambulation et une errance reprises, analysées et surtout métamorphosées où s’ouvrent le souffle et le cri.
Finies les vieilles répliques, finies les représentations romantico-sentimentalistes de l’amour. A cheval entre le signe et une forme d’abstraction l’œuvre « sauvage » dit tout sans l’intrusion des larmes et des métaphores. Elle prouve que l’amour lorsqu’il n’est pas réciprocité est un suicide assumé mais aussi un plaisir lorsque à son corps défendant il se transforme en œuvre d’art implicite. Loin de la glose le mal d’amour parle non une langue primitive mais nouvelle. Elle ébranle nos systèmes de représentation et ceux de la reproduction. Surgit une autre domination. Cette langue graphique et plastique échappe à la maternelle comme à celle de la loi des pères et des repères. Elle est aussi naturelle que sophistiquée. Elle reste la plus proche de la sensation. Et ce, au moyen des formes et de codes qu’il faut réapprendre. Vus d’aujourd’hui et d’ici ils peuvent sembler une prouesse et un étrange dialogue.
La langue du pictogramme dévore les mots et les images. Le pictogramme devient l’acte de faire non un discours mais un corps qui bouge, sort, s’use, recommence. S’y éprouve l’action de l’action du sens et de l’émotion. S’y ressent différents degrés d’ouvertures ou d’étranglements. L’œuvre parle sans phonèmes pour sortir les états de douleur et de damnation en un jeu et un système de lignes symphoniques. Tout « s ‘oralise » par un langage libéré du langage et par une image désimageante. Les lignes et les formes parcourent tout le trajet vital, animal mais aussi intellectuel. Cela rend céleste le corps terrestre. La langue n’est plus affaire d’orifice mais de geste. Et si la lettre d’amour ne s’écrit plus : elle fait mieux. Elle n’opère plus de frein dans le théâtre du temps. Extérieur de l’intérieur, intérieur de l’extérieur, dans cette lettre le « je » devient un paradoxal italique. Et la parole n’est pas à l’extérieur. Mais pas à l’intérieur non plus. En cette doloire* pérenne, cette vidéation** l’homme, le mâle, est sans majuscule dans celle de l’œuvre. La sensation émise n’est plus une affaire de cerveau. Le langage est devenu graphique, gestuel, musicien, image de fond, drame et comédie de la vie. Il est si loin, il est si proche. Surgit la sensation pure sans renonciation. Si bien que celle qui envoie cette lettre peut être prise pour une primitive : elle demeure toutefois une primitive du futur. Mais il ne nous est plus donné (ou pas encore) de le connaître. C’est moins un futur antérieur qu’un passé postérieur. Jean-Paul GAVARD-PERRET
*Doloire : un ancien instrument tranchant (allusion à l’entaille sur écorce faite par notre youkaguire).
**Vidéation : Un néologisme pour une construction mentale d'images non manifestées, qui peuvent être sommaires, d'interprétation, de représentation déformée ou exagérée
Nourit MASSON-SÉKINÉ - Plasticienne et auteure, spécialiste de la danse Butoh, réalise expositions et installations dans des galeries et des musées, des lieux alternatifs ou scéniques en France et sur la scène internationale. Voici son interprétation :
« Ce que je vois dans cette lettre d’amour, c'est comment l'être aimé/aimant est tissé et nourri de l'existence de l'autre virtuel ou réel mais objet d'amour. Vases communicants masculin et féminin par la couleur, construisant une structure (maison ?) et des liens (enfants éventuellement - mais enfants veut dire aussi un tiers, tout tiers créé par la rencontre de 2- en amour de surcroît.) Je vois aussi que le deuxième - objet d'amour - est absent mais le lien psychique réalise ce que la réalité ne concrétise pas ... laissé ouvert aux innombrables, liens extérieurs et inconnus, comme la lettre « Beith* » en hébreu fermée à droite par le sens de l'écriture - ouvert à gauche pour le temps/espace en devenir. Ce qui est lié semble venir du monde de la création, les données construisent, et le devenir reste sujet à transformation, au non-savoir, et échappe à la seule volonté. Ce qui laisse ouverte la question. Le désespoir supposé ne m'est pas visible, une interprétation certes possible néanmoins ... par les traits barrés sur le personnage de droite qui serait comme enfermé par la solitude que l'autre ne saisirait que partiellement (l’espace barré chez l'autre est plus petit - plus lointain ?) Enfin voilà un rébus poétique, passionnant parce qu'il inspire le langage symbolique… » *Beith qui est la deuxième lettre de l’alphabet hébraïque qui a pour valeur 2 et signifie : maison.