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B149 – QUAND NINURTA CHASSAIT ANZU …2010
Acrylique sur toile 80 x 110 cm.Tout savoir sur cette toile
- 2011
- 155 - Chasse antique achéménide...
- 2010
- 149 - Quand Ninurta chassait Anzu...
- 146 - Liberté, quand les Dieux...
- 143 - Sceau de Bel-Mushallim...
- 110-5 - DIPTYQUE B109 & B110
- 110 - Quand les poissons sortirent de l'eau..
- 2009
- 132 - Combat entre un homme cornu...
- 123 - Ronde légumenomorphe d'Ur...
- 115 - Deux chameaux en lutte...
- 114 - Divorce à la babylonienne...
- 113 - Centaure cornu ailé sassanide
- 112 - Cheval ailé sassanide
- 111 - Quand une balinaise embarque avec Benu...
- 109 - Quand les Dieux étaient des hommes...
- 108 - Tall Munqaba 2
- 107 - Tall Munqaba 1
- 106 - Quand une reine nue sollicite l'intercession...
- 105 - Quand Râ, Horus et Isis étaient ...
- 104 - ADDA le scribe
- 103 - Sceau de Tariba Ishtar
- 2008
- 102 - Quand un roi sumérien rencontre son dieu
- 101 - L'Arbre de Vie dans son jardin babylonien
- 100-5 - B99 & B100 Diptyque babylonien
- 100 - Sceau de Talmi-Teshub roi...
- 099 - Laisse-le, lui qui croit en toi...
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BABYLONIEN / Le dernier tableau de l’an 2010 a le même thème que le B100, à savoir le Dieu Ninurta (N. dans le texte) chassant l’oiseau maléfique Anzu. Rappelons l’histoire de ce Dieu, tirée de la mythologie mésopotamienne : N. est un Dieu guerrier présenté comme le fils d’Enlil et l’époux de la déesse guérisseuse Gula, N. était adoré à Nippur, dans le temple de son père, l’Ekur, ainsi que dans son propre sanctuaire, l’Ešumena. On peut même préciser que si Enlil résidait dans la ville, N. en était le véritable patron et peut-être la divinité originelle. C’est du moins ce que suggère l’existence, à l’époque paléo-babylonienne, de prêtresses-nadîtu de N. et le fait que son nom soit formé avec l’élément NIN, qui exprime la souveraineté à l’origine de manière indifférenciée, avant de devenir la marque des divinités féminines par la suite ( NIN = bêltu, la Dame).
Très tôt, un phénomène de syncrétisme se produisit entre N. et Ningirsu, « le seigneur de Girsu », vénéré dans le royaume de Lagaš. En conséquence, l’épouse de Ningursu, Ba’u, et son emblème, la charrue, furent parfois également associés à N. Cette fusion de deux divinités archaïques à l’origine distincte explique que N. ait été à la fois un Dieu de l’agriculture ; il est ainsi celui qui donne ses instructions aux fermiers sumériens, dans l’Almanach du fermier, et un héros guerrier, ce dernier aspect étant toutefois plus marqué comme nous allons le voir par la suite. Dans la mythologie, N. est avant tout le « champion » de l’assemblée divine, chargé de combattre les ennemis qui menacent le pays de Sumer depuis les montagnes de l’Est. Dans le poème du « LUGAL.E », il doit terrasser le démon Asakku et les pierres de la montagne qui lui sont alliées, avant d’organiser et d’endiguer le pays pour le rendre propre à l’agriculture irriguée. Dans le Mythe d’Anzu, qui concerne plus précisément le tableau présenté, il affronte une sorte d’aigle colossal qui, ayant dérobé la tablette des destins * à Enlil, menace de bouleverser l’ordre cosmique. Dans ces compositions, comme dans d’autres œuvres qui composent le cycle de N., la victoire du jeune dieu lui permet de prétendre au pouvoir royal. Il ne s’agit cependant pas d’une royauté sur l’ensemble du monde divin, mais d’une royauté déléguée, exercée sur terre au nom des grands dieux. Cela explique peut-être la faveur que connut N. en Assyrie, où la conception théocratique du pouvoir voulait que le souverain humain soit le représentant sur terre du vrai roi, Aššur. Dans cette région, N. était regardé comme le fils d’Aššur et disposait d’une chapelle dans le complexe de l’Ešarra, le grand sanctuaire de son père dans la ville d’Aššur. Lorsqu’il transféra la capitale politique à Kajhu, Aššurnasirpal II fit ériger un temple, flanqué d’une ziggurat, pour N. Et à Dûr-Šarrukîn, une chapelle de N. fut construite dans le secteur des temples du grand palais de Sargon II. Parmi les autres indices de ce dieu en Assyrie, on peut noter que jusqu’à Tiglath-Phalazar III, d’assez nombreux rois portèrent des noms théophores de N. ou de ses épithètes Apil-Ešarra ou Apil-Ekur. Il semble d’autre part que le roi ait pu s’identifier à N. au cours de certains rituels. Une tablette de commentaires retrouvée à Aššur dit par exemple : « le roi qui porte la tiare d’or sur sa tête, en sortant du temple et est assis sur une chaise à porteurs, lorsqu’on le porte en allant jusqu’au palais, est N, qui a vengé son père. Les dieux ses pères l’ont décoré à l’intérieur de l’Ekur, lui ont donné le sceptre, le trône et le règne et l’ont revêtu de la radiance surnaturelle (melammu) de sa royauté, et il est sorti en direction de la montagne. »
Revenons à notre tableau, surtout pour ceux qui ne connaissent pas ou peu, la série des 22 toiles babyloniennes commentées sur mon site en ligne. N. est sur son dragon-attribut, des radiances s’échappent de son bras gauche, une épée dans la main droite, des flèches dans son carquois. La tortue géante est dans un des espaces identifiés par les sumériens, Anzu sur la droite a changé d’apparence (de multiples versions existent au cours des millénaires, celle-ci est bien peu conforme à celle d’un aigle). A l’extrême droite un arbre sacré de vie sur lequel vient de se poser un crabe, déjà annonceur de cancer ? Au bas, un gros poisson pour rappeler l’origine de l’humanité selon la légende de l’époque, puis un mollusque non identifié, et pour terminer deux signatures, d’abord le sceau d’un scribe, découvert en un lieu inconnu de Juda, une petite motte d’argile qui avait servi à sceller les cordes d’un document officiel : on voit encore très bien l’impression de celles-ci sur une des faces de l’argile. Sur la deuxième face, un sceau a été appliqué, portant une inscription de trois lignes que l’on peut lire en toute certitude : « À Berekyahn, fils de Nereyahu, le scribe (sofer) ». Si nous utilisons des formes plus courtes ou plus familières de ces deux noms propres, nous pouvons dire : « À Baruk, fils de Neriah, le scribe ». D’après la forme des lettres, il faut dater ce sceau de la fin du VIIe ou au début du VIe siècle avant J.C., donc de la période du prophète Jérémie. La dernière signature vous est plus familière puisqu’il s’agit du monogramme de votre artiste !
* La tablette des destins = Un mythe babylonien, adapté d’un mythe sumérien revu et corrigé par les Akkadiens, relate le vol par Anzu de la tablette des destins. Cette tablette, détenue par Enlil, est d’une importance majeure : elle lui permet de gouverner l’univers. A l'origine Anzû était le serviteur du puissant dieu Enlil. L'oiseau tonnerre (il pouvait déchaîner la foudre) rêvait cependant de puissance. Or son maître possédait les "tables du destin" qui, comme leur nom l'indique, permettaient à celui qui les possédaient de commander le destin de tout être. Profitant d'un bain pris par son maître, Anzû lui déroba les tables et s'enfuit. Enlil rapporte le vol à Anu. Anu mande des divinités, mais celles-ci, effrayées par les pouvoirs de l’Aigle Anzu, refusent la mission. Le beau et héroïque guerrier Ninurta (Ningirsu) relève le défi : il se métamorphose en démon, se drape dans un épais brouillard et part à l’assaut d’Anzu. Il tire ses flèches, mais Anzu le fait plier comme un frêle roseau. N. recule. Sur les conseils d’Enlil il repart à l’attaque et lance les sept vents mauvais. Lorsque les ailes d’Anzu retombent sous l’effet des vents, N. les lui coupe et l’achève en lui tranchant la gorge. Mais les tablettes du destin tombent dans les profondeurs liquides de l’Apsou. . Le dieu Enki refuse de restituer les tablettes et N., rendu furieux par cette décision, s'en prend à son messager. En représailles, Enki crée une tortue géante qui attaque N. et lui mord les orteils. N. se défend mais Enki ouvre un puits au fond duquel N. est précipité. Seules les suppliques de Ninlil, mère de N., persuadent Enki de le libérer. Dans les versions les plus courantes de ce mythe, Il semble que N. finisse triomphant, par rapporter ces sacrées tablettes !